Nommer ses émotions
Nommer ses émotions : un processus qui concerne à la fois les adultes et les enfants
Les émotions sont comme des indices qui nous donnent des informations sur nous‑mêmes, sur ce qui est bon pour nous, sur ce dont on a besoin. Certains spécialistes comparent les émotions à des signaux sur un tableau de bord. Une émotion qui émerge dans le corps est comme un voyant qui s’allume sur le tableau de bord d’une voiture et alerte sur une information importante à prendre en compte.
Même pour les adultes, il n’est pas si facile de nommer les émotions avec précision. Nous sommes plus souvent enclins à dire “Je me sens bien” ou “Je me sens mal” qu’à nommer l’émotion précise que nous ressentons. A la question “Quel est ton ressenti ?”, nous avons tendance à raisonner en termes de “J’aime/ j’aime pas“, “C’est intéressant/ ce n’est pas intéressant“.
Même quand nous pouvons identifier la nature de l’émotion que nous ressentons, il reste difficile d’en évaluer l’intensité et de la désigner avec un mot précis qui en cerne toutes les dimensions.
Nous sommes peu nombreux à avoir appris la langue des émotions dans notre enfance. Or c’est par l’imitation que les enfants pourront développer leur propre intelligence émotionnelle.
Sensibiliser les enfants au monde des émotions
Nous pouvons sensibiliser les enfants au monde des émotions dans un premier temps à travers :
des discussions autour des émotions avec un vocabulaire de plus en plus complexe à partir d’histoires lues ou de films vus ensemble (ex : “dans ce livre, tu dirais que le héros se sent en colère ou peut‑être triste? “)
des suggestions sur l’état émotionnel de l’enfant quand il semble en difficulté en lui laissant la possibilité de corriger notre hypothèse si nous tombons à côté (ex : “Je t’entends crier sur ta sœur. Ça te met vraiment en colère quand tu lui demandes de ne pas entrer dans ta chambre et qu’elle le fait quand même.”).
Une fois que les émotions primaires (joie, colère, tristesse, peur) sont entrées dans le langage familial courant, on peut attirer l’attention des enfants sur le fait qu’une même émotion n’a pas toujours la même intensité. Être en colère n’est pas pareil que de ressentir de l’inconfort, de l’énervement ni non plus que de ressentir de la rage ou de la fureur. On peut proposer aux enfants d’enrichir leur vocabulaire des émotions toujours dans la vie courante en les utilisant pour décrire notre propre état émotionnel d’adultes mais aussi en reflétant leurs émotions avec empathie.
Émotions et besoins vont ensemble
Il est aussi important de savoir que les émotions vont de pair avec les besoins. Identifier les émotions doit servir à trouver les besoins qui en sont à l’origine. Nommer ses besoins ouvre des pistes d’actions pour revenir à l’équilibre et continuer à vivre.
On peut comparer le couple émotions/ besoins à un iceberg dont les émotions sont la pointe émergée et les besoins la partie immergée.
Nommer ses émotions diminue les risques de violence car, avec des mots pour nommer les émotions, il n’est plus besoin de passer à l’acte pour se faire entendre et comprendre.
Virginie PICOUT - Educatrice de Jeunes Enfants - Traductrice de bébés